Pages

mardi, septembre 09, 2003

Qu’est ce que l'action painting et le dripping

L'expression action painting («peinture du geste») a été forgée en 1952 par le critique Harold Rosenberg pour désigner l'une des deux grandes tendances picturales qui constituent l'expressionnisme abstrait américain des années 1945-1950 (l'autre tendance étant l'abstraction chromatique, représentée par Ad Reinhardt, Mark Rothko, Barnett Newman). Le terme peinture gestuelle est souvent utilisé comme équivalent français de cette expression. Ce courant de l'art informel ou de l'expressionnisme abstrait considère l'acte créatif comme aussi important, sinon plus, que l'œuvre elle-même. Pour Jackson Pollock, Willem De Kooning et Franz Kline, principaux représentants de cette peinture gestuelle, le geste joue en effet un rôle primordial : le mouvement du poignet, du bras, voire de tout le corps (Pollock), ainsi que la rapidité d'exécution conditionnent le graphisme de l'artiste; celui-ci, par ailleurs, n'obéit plus, ou s'efforce de ne plus obéir, à des principes de composition qui régissent d'ordinaire l'élaboration d'un «tableau», même exécuté de façon spontanément abstraite.

La peinture du geste
Le mouvement action painting refuse toute élaboration et veut que le geste du peintre, tel qu'il se produit immédiatement, constitue l'essence de l'œuvre. L'action painting s'oppose à ce qu'une volonté première d'organisation des formes et des couleurs, qu'elle soit d'ordre abstrait ou figuratif, préside à la création. C'est du geste seul du peintre, dont la trace s'inscrit sur la toile avec un automatisme irréversible, que doit surgir l'œuvre. Avec l'action painting, «le temps strict de l'exécution d'une forme était considéré pour la première fois comme une valeur esthétique» (Dora Vallier).

On peut voir en ce mouvement la première réaction de l'art américain contre l'abstraction picturale européenne, alors représentée par le géométrisme intellectuel de Mondrian. Il représente en même temps le premier apport de la peinture américaine à l'Europe. Le premier obstacle qu'ait rencontré Jackson Pollock, créateur de l'action painting, dans sa recherche d'une expression brute de l'émotion, tient dans la nature des matériaux employés habituellement par le peintre. La pratique du pinceau ou du couteau, le dosage et le mélange des couleurs exigent une lenteur technique où se perd l'impulsion initiale. Pollock va résoudre ce problème par la technique du dripping: au-dessus de la toile posée à plat sur le sol, il promène une boîte de couleurs industrielles percée de trous, dont il laisse s'écouler le contenu, au gré d'un geste dont l'allure détermine la forme que prennent les inscriptions: arabesques, mouchetures, zébrures.

Franz Kline revient à une technique plus traditionnelle. À la brosse, il étale sur la toile de larges bandes de couleur noire dont le pouvoir d'impact visuel doit naître de la spontanéité du geste qui se heurte à la surface blanche. Robert Motherwell, d'abord influencé par le cubisme, recourt aux techniques de l'action painting pour dépasser les tendances géométriques qui caractérisaient son art. Citons également: Tooker, Tworkov, James Brooks; deux femmes, Joan Mitchell et Helen Frankenthaler, qui orientent l'action painting vers l'équilibre et la calligraphie. Ce mouvement a influencé certains artistes européens: les Italiens Santomaso et Lucio Fontana, qui entaille directement la toile au couteau. Le Français Georges Mathieu, dont l'œuvre se rattache à l'art informel, se rapproche cependant de l'action painting par le caractère gestuel de sa création et l'extrême rapidité de sa facture.

Pour une autre conception de la peinture
On a pu voir dans l'action painting un équivalent formel de l'écriture automatique des surréalistes. Bien que Pollock ait été influencé par les surréalistes et qu'en retour André Breton l'ait fait figurer dans le Surréalisme et la peinture, ce parallèle est discutable. Si l'automatisme est effectivement commun à l'action painting et au surréalisme, l'action painting, en accordant la plus grande importance au geste, qui cristallise l'impulsion inconsciente, déprécie implicitement le tableau, où ne figurent que les traces de ce geste. Les œuvres produites par l'action painting n'existent donc qu'au second degré puisque ce qui en faisait l'originalité et la force, le geste, s'est perdu. Il faudrait, pour restituer la totalité de la création, doubler le tableau d'un film sur sa réalisation: ainsi Pollock, filmé à l'œuvre en 1950 par Namuth. En ce sens, il conviendrait plutôt de considérer l'action painting comme une forme extrême de l'expressionnisme pictural et de voir, dans les recherches de l'acting art, où tableau et peinture sont supprimés au profit de la seule action, l'aboutissement logique de ce mouvement.

Film sur le peintre Pollock :

Demain dans les salles. (Date de sortie en France: 10 Septembre 2003)

Film américain (2000). Biographie. Durée : 2h 03mn.
Avec Ed Harris, Robert Knott, Marcia Gay Harden, Matthew Sussman, Bud Cort Plus...
Réalisé par Ed Harris

Ce film raconte la vie de Jackson Pollock, peintre abstrait new-yorkais qui connu un succès considérable dans les années 40 et 50, devenant la première grande star et le défenseur de la peinture américaine. Tourmenté et autodestructeur, Pollock s'est trouvé pris dans une spirale qui a détruit son mariage, son avenir et, par une nuit d'été de 1956, sa vie.

Jackson Pollock était populaires et controversées, ses toiles s'accomplissent dans le geste le plus célèbre du XXème siècle, le dripping (projeter de la couleur sur une toile posée au sol) . Il est né en 1912 à Cody, Wyoming dans une famille pauvre. A 18 ans, arrive à New York et commence à peindre. Ami des surréalistes il est fasciné par l'écriture automatique. Entre 1939-40 il suit une analyse dans l'esprit junguien, épouse en 1945 le peintre Lee Krasner. Son art est découvert par Peggy Guggenheim en 1943. Il a le mal de vivre et incarne la peinture gestuelle dans quelques chefs-d'œuvre aux noms poétiques : Autumn Rhythm, Echo, Arabesque, etc.

Article dans l’expres:
(…)Il a produit, réalisé son film et interprète le rôle-titre. Depuis toujours, Ed Harris est fasciné par le peintre américain. Les fans du dripping jugeront sur pièces

La vie de Jackson Pollock est un sujet de film en or. Ce «James Dean de la peinture» - première star de l'art américain, avant Warhol - a mené une existence tumultueuse à souhait. Emporté par la colère, ou noyé dans les vapeurs d'alcool, il pouvait renverser les tables et uriner dans une cheminée au beau milieu d'une soirée huppée.

De ce peintre les Américains ont fait leur héros, parce que sa technique révolutionnaire du dripping (qui consiste à projeter de la couleur sur une toile posée au sol) leur a permis d'imposer leur domination au firmament international et de prendre, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une revanche artistique sur la vieille Europe. Sa disparition brutale, à 44 ans, en 1956, a achevé de forger le mythe. Pollock s'est tué, un soir de beuverie, au volant de son Oldsmobile.

Ce destin tragique est pour la première fois porté à l'écran. Ed Harris, initiateur du projet, s'y est totalement investi. Producteur du film, il en signe également la réalisation et interprète le rôle de Pollock. Sa rencontre avec le peintre a pourtant été fortuite. «Mon père m'avait offert une biographie de Pollock, à cause de la photographie qui était au verso du livre. Il trouvait que je lui ressemblais.» A sa lecture, Ed Harris a été «fasciné par sa personnalité, plus que par sa peinture, qui n'était que le prolongement du bonhomme». Ainsi a-t-il commencé à s'intéresser à l'artiste. Et il s'est pris au jeu. «Plus j'apprenais à le connaître, plus je voulais parler de la complexité de l'homme. C'est pourquoi le film a été si long à faire. Dix ans! Le script original faisait 260 pages! Il fallait couper, réécrire, recentrer.» Pour mieux assimiler la technique de Pollock, Ed Harris s'est même fait installer un atelier dans lequel il a appris à effectuer giclures et coulures à la façon du peintre.


Episodes fameux et Une du Time

Le film démarre dans les années de vaches maigres de la Grande Dépression, à New York, où Pollock vit avec sa compagne, Lee Krasner, peintre de talent. Il retrace ensuite sa carrière éclair, l'ascension, l'apothéose, puis le reflux du succès, la déchéance, jusqu'à l'issue fatale. Ed Harris a collé le plus possible à la réalité. Les scènes ont été tournées à New York, mais aussi à Long Island, dans la ferme-atelier, restaurée pour la circonstance, où le peintre s'était réfugié avec Lee Krasner pour fuir les tentations de la ville. Les initiés reconnaîtront quelques épisodes fameux. Comme celui du mois d'août 1949, lorsque le magazine Time titre en Une «Pollock est-il le plus grand peintre américain vivant?» le bombardant chef de file de la nouvelle école de peinture américaine. Ou celui de 1951, lorsque le photographe Hans Namuth vient réaliser à Long Island un reportage resté célèbre. On y voit Pollock chevauchant en transe la toile, l'éclaboussant de jets de couleur chaotiques.

«Le film est juste et Ed Harris, crédible en Pollock», juge Me Pierre Cornette de Saint-Cyr, fan du peintre américain. On le voit broyé par son angoisse, sans cesse ballotté entre exaltation et désespoir, sous l'emprise constante du doute, mais avide de reconnaissance, et finalement dépassé par le succès. Tout aussi convaincante est Marcia Gay Harden, oscarisée pour son interprétation de Lee Krasner, féministe avant la lettre, qui sacrifie sa carrière personnelle à la promotion d'un époux aussi instable qu'incontrôlable.

«Le film, poursuit Me Pierre Cornette de Saint-Cyr, montre parfaitement la puissante machine américaine se mettant en place, avec ses critiques d'art, ses collectionneurs, ses VIP, et qui propulsera bientôt New York au rang de centre culturel du monde occidental.» Certains portraits sont brossés de façon savoureuse, tel celui de l'excentrique Peggy Guggenheim, richissime héritière férue d'avant-garde (Amy Madigan, femme d'Ed Harris dans la vie). C'est elle qui, dans sa galerie new-yorkaise, offre à Pollock sa première exposition personnelle.

Les puristes regretteront de ne pas mieux pénétrer les arcanes de ce petit monde. Ed Harris ne s'attarde pas sur les liens que Pollock entretenait avec les surréalistes européens Max Ernst ou Masson, exilés à New York durant la guerre, ni avec ses rivaux, Motherwell ou De Kooning, prétendants au statut de chef de l'école américaine. Même s'il remonte aux sources, en reconstituant l'instant fabuleux de hasard qui, à Long Island, conduit Pollock à inventer sa technique du dripping, il ne parvient pas à résoudre l'énigme de la création. Mais cela est-il seulement possible?

Pollock est sorti sur les écrans américains en décembre 2000. Les difficultés de distribution rencontrées par ce film indépendant expliquent son arrivée tardive en France.

Annecdote :
Une toile de Jackson Pollock pour 5 $

lundi, septembre 08, 2003

Carla Della Beffa

Voici une consœur italienne qui tiens son blog à jour régulièrement (contrairement a moi désolée:/) et qui nous montre quotidiennement ses photos, ses pensées ect dans son petit carnet intime. C’est malheureusement pour moi écris en italien donc pas pratique à comprendre mais je vous le conseil quand même, parfois les images suffisent !


(Que ne donnerais je pas pour, d’un coup de baguette magique connaître et parler couramment toutes les langues de cette planète et pouvoir découvrir encore plus tout les richesses insoupçonnées des diverses cultures qui la compose….).


Mais en plus de son blogue elle a créé un très beau site et forte heureusement pour nous cette artiste a eu la formidable idée de mettre son site en plusieurs langues dont le français ! oufffffffff car ce qu’elle dit mérite aussi le détour !

Elle nous explique son parcours et ses travaux :

"Me voilà. Je vis et travaille à Milan et à Paris. Après une carrière dans la publicité, je suis maintenant peintre et artiste multimédia. En octobre 1997 j'ai publié un livre, "Cartoline" (cartes postales).
Je présente mes oeuvres dans mon site web depuis 1996; il y en plusieurs a qui ont été créées exprès pour l'internet. Ces travaux ont permis de me faire noter par des curators internationaux.
Depuis peu je réalise aussi des vidéos: en 2000 le premier, "Trois litres circa", a été presenté au FanoFilmFestival et selectionné par VideoEvento pour une projection à la Galerie d'Art Moderne de Turin. Trois autres sont invités au festival Polyphonix, Paris, Centre Pompidou, et à la Nuit blanche de l'art (octobre 2002)."


Extraits choisit :
"Les fenêtres me donnent l'envie de savoir qui y vit. Quand j'ai eu beaucoup de photos de fenêtres j'ai pensé d'en choisir un peu, toutes parisiennes, et d'y inventer des histoires. Cette fois-ci ce n'est pas un film d'une seule image, traduit, mais trois: j'ai écrit une histoire différente pour chaque langue. Si tu ne comprends pas tout, essaye de deviner. Joue un peu."

"Il pleuvait, il y a dix minutes, c'est octobre: il n'y a pas beaucoup de lumière dehors. Mais elle a quand même baissé le store rouge: c'est un signal pour son amant. Quando torna a casa, le piace entrare nella luce filtrata dalla tenda rossa: una luce di conchiglia, di utero, calda e protettiva. In the morning he's so sleepy that he goes out without perceiving anything, he can barely walk. Today he left the sun-shade down, and in the street he discovered it was raining hard."